Prévenir les violences sexistes et sexuelles : dépasser les mythes sur la formation obligatoire

Depuis quelques années, la législation française a renforcé les obligations des employeurs en matière de prévention des violences sexistes et sexuelles (VSS) au travail. Pourtant, de nombreuses idées reçues continuent de circuler, freinent l’action des entreprises et compromettent leur capacité à créer des environnements de travail sains et respectueux. Que faut-il vraiment savoir sur ces obligations ? Quels sont les mythes les plus répandus qui éloignent parfois les organisations de leurs responsabilités ? Cet article décrypte trois idées reçues courantes et propose des solutions pour les contrer efficacement.

Mythe 1 : “Seule une formation rapide suffit.”

Une idée fréquemment entendue est qu’un simple module d’e-learning de 15 minutes peut suffire à remplir les obligations légales en matière de formation sur les VSS. Rien n’est plus faux. Si le recours à des outils digitaux peut être un complément utile, la réalité est qu’une sensibilisation efficace requiert une approche bien plus approfondie.

Selon l’article L.4121-1 du Code du travail, les employeurs sont tenus de mettre en place des mesures de prévention pour garantir la santé et la sécurité des salarié·e·s. Cela inclut une formation qui aborde les comportements à connotation sexiste ou sexuelle, leurs conséquences et les moyens de les prévenir. Une formation adaptée implique des mises en situation, des échanges interactifs et une adaptation au contexte de l’entreprise pour un impact durable.

Une formation superficielle risque non seulement de ne pas atteindre ses objectifs, mais aussi d’exposer l’employeur à des risques juridiques en cas d’incident.

Mythe 2 : “Ce n’est pas obligatoire pour toutes les entreprises.”

Autre idée reçue : seules les grandes entreprises seraient concernées par cette obligation. En réalité, la formation et la sensibilisation aux VSS s’appliquent à toutes les organisations, indépendamment de leur taille. Depuis la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018, les employeurs ont l’obligation de sensibiliser et de former leurs salarié·e·s sur la lutte contre le harcèlement sexuel et les comportements sexistes.

Dans les petites entreprises, où les structures d’encadrement sont souvent moins formalisées, ces formations sont tout aussi importantes. Elles permettent non seulement de créer un cadre de travail respectueux, mais aussi de prévenir des situations conflictuelles qui peuvent avoir des conséquences lourdes sur le climat social.

Mythe 3 : “Former une poignée de salarié·e·s suffit.”

Certaines entreprises pensent que former uniquement les responsables RH ou les cadres intermédiaires est suffisant. Or, une approche ciblée sur un groupe restreint ne suffit pas à transformer la culture de l’entreprise. Pour créer un environnement durablement respectueux, il est indispensable d’impliquer l’ensemble des salarié·e·s.

Une formation globale permet de :

Sensibiliser chaque membre de l’équipe aux comportements appropriés et inappropriés ;
Donner les clés pour identifier les situations de VSS ;
Encourager la responsabilité collective dans la prévention des violences et le soutien des victimes.

En impliquant toute l’organisation, l’entreprise peut réellement transformer sa culture interne et montrer son engagement concret contre les violences sexistes et sexuelles.

Les formations obligatoires sur les violences sexistes et sexuelles ne sont pas une formalité administrative : elles sont un levier puissant pour créer un climat de travail respectueux et inclusif. En dépassant les mythes qui circulent encore, les entreprises peuvent non seulement se conformer à la loi, mais aussi réduire les risques juridiques et sociaux liés aux VSS.

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